I'm a 23 yo blogger living in France. I've been a feminist since forever - growing up listening to Bikini Kill, admiring Annie Sprinkle, loving Maria Beatty. I'm currently running Odvie Von Vegas, a blog mainly focused on female artists around the world. I decided to create this side blog project in order to promote feminist/queer inspirations and lifestyles. The aim is to gather testimonies from people with various backgrounds: art, cinema, music, literature... This is not a place for propaganda, I just want people to express themselves freely in order for you, reader, to think and open your mind/eyes. I thank you for your interest and, if you have any questions, don't hesitate to contact me by email fevertotell (at) live (dot) fr Keep fighting for your dreams, stay true to yourself and have fun!

AJ Dirtystein

The first interview to appear on this blog was made with AJ Dirtystein, a fabulous and talented performer/thinker from France. She was nice enough to talk about her lifestyle and her artistic process. I gave her few indications to lead the conversation and this is what I had in return! I translated the interview from French to English so that everyone is able to understand it. I would like to thank Joe for correcting my translation. And I would like to thank AJ Dirtystein for her time and kindness.


"je ne suis pas une femme mais une meuf. Je suis une femme retournée."
"I am not a woman... I am a reversed woman"

Adolescence et découverte de la scène alternative
Teen age and discovery of the alternative scene
J’ai grandit en Guyane et fais mon adolescence en banlieue parisienne, puis à Toulouse. J’ai grandit au sein d’une famille catholique extrêmement pratiquante. Jusqu’à mes douze ans, je voulais rentrer dans les ordres. Un jour, j’ai compris que l’on avait le choix et que Dieu n’était pas une vérité absolue. J’ai compris alors qu’on m’avait menti pour que je reste à ma place et que je ne pose pas trop de questions… Lorsque j’ai compris que les règles n’étaient en réalité que pour taire les pulsions, j’ai basculé dans le punk ! J’ai fait une crise d’adolescence très violente qui ne s’est jamais terminée d’ailleurs. J’ai toujours été fascinée par les choses interdites et les expériences nouvelles. J’ai découvert la free party très vite et je pouvais passer des jours entiers à faire du stop pour aller danser dans les bois
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I grew up in Guyane and I spent my teenage years in Parisian surbubs and then in Toulouse. I have a very practicing Catholic family. Until 12 yo, I wanted to take Holy Orders. Then, I understood that we have a choice and I realized that God is not an absolute truth to believe in. I suddenly realized that people lied to me to control me and prevent me from asking too many questions… When it came to my mind that rules were made to oppress our instinct, I became a punk rocker! I went through a violent teenage crisis that actually never ended. I’ve always been fascinated by forbidden things and new experiences. At this time, I discovered free parties and that I could hitch-hike for days to go and dance in the woodwind.

Influences/inspirations et aspirations
Influences/inspirations and aspirations
Ma première héroïne était Marthe Robin mais j’étais petite. On m’avait appris que pour être heureux il fallait souffrir, si possible physiquement… Alors quand j’ai commencé à étudier l’art, j’ai eu une grande fascination pour le Body Art, les actionnistes viennois et pour les femmes artistes en général. La pulsion de vie, la peau, l’expérience intérieure, la chair, la mort et l’amour sont les notions qui m’ont toujours fait chavirer. J’aime les artistes engagés, ceux qui sont prêts à tout pour se partager et ceux qui invitent à transgresser tous les possibles pour donner de l’espoir à ceux qui veulent bien ouvrir les yeux…

J’aime la nuance démesurée de Camille Paglia. J’aime l’écriture corrosive et pleine d’amour à la fois de Despentes, la franchise et la profondeur de Marina Abramovic, le pouvoir de Lydia Lunch, l’audace de Valie Export. J’aime le cinéma de Sono Sion ou de Takashi Miike. J’aime le breakcore et l’opéra.

Tu l’auras compris : je n’aime pas les « femmes », je préfère les Femelles !

At a young age, my first heroine was Marthe Robin. I have been told that you need to suffer, physically if possible, in order to be happy…When I began to study Art, I had a huge fascination for body art and modification, Vienna actionists and for female artists in general. Life instinct, the skin, the inner experience, the flesh, death and love are the main things that move me. I like committed artists who are entirely involved in sharing their art and those who break the rules to give hope to the ones willing to open their eyes.

I like the immoderateness of Camille Paglia. I like the corrosive and loving writing of Despentes, the honesty and the deepness of Marina Abramovic, the power of Lydia Lunch, the daring of Valie Export. I like the cinema of Sono Sion or
Takashi Miike. I like breackcore music and opera!

I think you understood that I don’t like “women” I like “wild females!”


Performance et politique

Performance and political sphere
La performance a été justement le point central de ma démarche artistique. J’ai commencé par peindre, puis par photographier, puis filmer et maintenant j’agis. Pour moi la création est une résistance. Elle permet de dire NON et de s’affranchir des règles imposées par l’éducation, l’institution et la norme bien-pensante. C’est une provocation évidente mais je considère que si l’on ne provoque pas, on n’avance pas. Partager, bouleverser, faire rêver, crier, contempler sont des provocations car ces actions disent avant tout que je suis en vie. Le corps est porteur de puissance et s’en servir comme outil est une façon de soulever le présent et ainsi métaphoriser sa propre liberté de paroles et d’actions. Je trouve l’action par le symbole tellement plus violente que l’action activiste. Il y a des mots et des choses qui restent gravés dans l’inconscient alors que d’autres, comme un coup de poing, cicatrisent beaucoup plus vite.

Performance art was the initial focus of my artistic approach. I began painting, then I worked on photography, then filmed and now I act. My opinion is that creation is resistance. It is used to say NO and to liberate ourselves from the rules imposed by the rules of good behavior. It’s a deliberate provocation but without it I think that we do not make progress/move forward. Sharing and creating emotions, making people dream, scream or contemplate can all be considered as provocative because it proves that we are alive. I think the body carries power and I use it as a way to shake the status quo and express our freedom of speech and action. I think acting through symbols is much more violent and effective than literal actions. Words can remain in the subconscious whereas a punch in the face as instance will heal much faster.


Perspective Queer
Queer Perspective
Je me suis rapprochée d’une perspective Queer par cette notion de la provocation comme résistance artistique. Le féminisme pro-sexe m’a ouvert les yeux sur certaines définitions que j’avais acquises -sans en maîtriser les notions à l’époque- depuis que j’avais renversé ma propre éducation et j’ai construit mon discours, au fur et à mesure, avec un double moteur toujours bien présent : celui de la rage et de l’amour mélangés. Mais c’est aussi dans une dynamique de renversement des univers : passer du réel au fantasme, de la violence de la réalité politique, sociale à cette zone de liberté qu’est la création. Dans une perspective « Carollienne », là où tout est possible, de l’autre côté du miroir… dans le conte, le rêve et le corps utopique. C’est là que se situe ma perspective Queer, pas dans la théorie, pas dans la politique, même si elle en est… Je pense qu’elle se vie avant de se théoriser d’ailleurs !

L’idée de s’emparer des armes de son adversaire, des moyens du bord, des outils que l’on trouve sur place ou se servir de ses blessures… Autant de choses qui faisaient déjà partie du monde punk, puis cyberpunk. La base même de l’Empowerment : Puiser là où il y a de la force, c’est-à-dire en nous. Dans mon travail d’artiste c’est exactement ce que je fais, je m’interroge sur les notions d’inconscient, sur les symboles, sur des choses qui ne frappent pas directement dans le monde réel mais plutôt directement au creux de ce qu’offre l’imagination. Le message politique est pourtant bien présent aussi, mais porté par une énergie esthétique qui permet de voir plus loin. C’est une manière de renverser les données de l’intime et du public, du dehors et du dedans et du poétique et du politique. Mais ce qui m’a intéressé surtout c’est le renversement de vocabulaire, car en effet retourner l’image de la victime, du martyr, de la « pauvre » fille en une donnée de puissance qui dépasse le conditionnement féminin/masculin renvoie à détruire toutes formes d’aliénation. C’est pourquoi je me dis « plastichienne » et non plasticienne.

Les choses ont le pouvoir qu’on leur donne...

I began to develop a queer perspective through this notion of provocation as artistic resistance. Pro-sex feminism opened my eyes to a lot of things that I had in mind since I reversed my own upbringing. I constructed my whole approach, little by little, with a double perspective: rage and love mixed together. I see creation in a dynamic of reversed universes: from reality to fantasy, from violence of real social politics to this area of freedom called creation. It can be seen in a “Carrollesque” perspective, when everything is possible on the other side of the mirror… in the tale, the dream and the utopian body. This is where my queer perspective lies, not in the theory, not in a political sphere, even though it is obviously political… but I think that I am living it before I try to theorize it.

The idea of taking the weapons back from the ennemy, and taking advantage of his failures… are obvious elements from the punk and cyberpunk worlds. It is the base of Empowerment: you have to use your inner strength. That’s exactly what I do when I work on my art: I put into question the notions of subconscious, the symbols, and all the things that relate to the imagination rather than the concrete world. There is a real political meaning but it is carried by a very aesthetic energy that gives new perspectives to the spectator. It is a way to reverse the elements of the private and the public sphere, of the inside and the outside, of the poetic and the political worlds. What really interested me as an artist is to reverse the use of vocabulary. Indeed using words like victim, martyr or poor girl and making them something powerful beyond gender is a way to destroy all kinds of alienation. That’s why I call myself “plastichienne” and not “plasticienne” (plastichienne is a mix between plasticienne and female dog (this word is the equivalent of slut in France) in French). 


Things have the power that we give to them...

Action N°1, Post-Érotisme, Performance & vidéo, 2012.


Action n°2 : Post-Érotisme, Performance 12’45.


Action n°3, Post-Érotisme, Performance/Installation, 2012.

L’amour est un tabou encore plus grand que le sexe il me semble. Personne n’en parle facilement. J’ai rencontré une personne qui m’a beaucoup apprit sur l’amour. Il ne m’en a d’ailleurs jamais parlé mais l'a prouvé au quotidien. D’ailleurs il n’y a pas d’amour. Seulement des preuves. Avec lui nous ne formons pas un couple, mais nous sommes des « âmes sœurs » c’est notre façon de définir notre rencontre. La création a portée cette passion très loin et nous avons créer de nombreuses choses ensemble, décortiquant notre passion, nos fantasmes, revisitant nos genres respectifs et poussant toujours plus loin les questionnements quant aux façons d’aimer.

Je n’avais pas imaginé un jour que je partagerai mes idées féministes avec un géant d’1m90 et de 90 kg (rires) !

In my opinion, love is a bigger taboo than sex. Nobody talks about it freely. I met someone who taught me a lot about love. He actually never talked about it but he makes it real, day by day. There is no love, only proofs of love. We are not lovers but soulmates, it’s our way to define our relationship. Artistic creation brought this passion far away and we built many things together; analyzing our passion, our fantasies, interrogating gender issues and the way people “love” each other.

I never thought that, one day, I would share my feminist ideas with a giant man!
(haha)

« Défloraison, [Queer Lovers] » 2013.
« Défloraison » joue par exemple sur cette ambiguïté masculin/féminin de façon très subtile mais efficace, attribuant à l’homme le rôle du pénétré et à la femme celle du pénétrant, le tout sur un lit de pétales de cerisier japonais.

« Défloraison » deals with the feminine/masculine ambiguity in a subtle but effective way. The man becomes the “penetrated” person and the woman becomes the person who penetrates the other one, on a bed full of Japanese cherry tree petals.


« Défenestration, [Il et Elle] » 2013.
« Défenestration » va dans une symbolique inversée à celle de « défloraison » et voit le suicide par défenestration comme seule porte de sortie au féminin/masculin. Clin d’œil à la tragédie.

« Défenestration » runs opposite to Défloraison and considers suicide through defenestration as the only way out of the feminine/masculine binary. It’s a reference to the tragedy.


« Love from Russia » 2012.

Sexualités alternatives
Alternative sexualities
Malgré tous mes efforts pour m’en séparer, l’esthétique religieuse a conditionné une bonne partie de ma vie. Bruler des bougies, s’auto-flageller psychiquement, fantasmer les images de martyrs et aspirer à l’extase… C’est pour cela je pense que j’étais disposée à aimer le BDSM. Je suis devenue dominatrice de fil en aiguilles, après avoir tester à peu près tout ce que je pouvais sur mon propre corps.

Je suis pansexuelle. Je n’ai jamais été regardante sur l’entre-jambe ou l’uniforme des personnes avec qui j’ai été. Le désir, la sexualité et l’amour sont des choses que je sais parfaitement dissocier. La prostitution et le libertinage m’ont beaucoup éduqué à ce propos… Chose que n’a jamais fait mon éducation religieuse !

Pourtant je pense avoir eu mes premiers émois sexuels à l’église, quand j’étais jeune (rires).

In spite of my efforts, the religious aesthetic has conditioned a huge part of my life. Lighting candles, physical flagellation, the fantasy of martyrs and the quest for ecstasy… That’s why I thought I was predestined to be into bdsm. One thing leading to another and after I’ve tried everything that was possible on my own body, I’ve become a dominatrix.

I am pansexual. I’ve never discriminated anyone I’ve been with on his gender or his appearance. Desire, sexuality and love are things that I know how to dissociate. Prostitution and libertinage help me a lot with this… something that a religious upbringing couldn’t teach me!

That said, I probably had my first sexual emotions at the church when I was young (haha).

Projets à venir
Upcoming projects
Je vais avant toutes choses terminer ma thèse que je mène depuis trois ans. Je soutiendrai l’an prochain et j’ai hâte de pouvoir la partager.
J’aimerais publier le livre que je suis en train d’écrire en parallèle aussi.
Sinon je suis invitée en Septembre à jouer au Festival Souterrain porte VII à Nancy, au Totem. J’y présenterai Accords Perdus, un opéra politico-fetish, proposant une critique acerbe du mariage hétérosexuel et une invitation à voyager à travers le corps féminin et ses pulsions animales.
Puis j’y proposerai aussi Post-Érotisme, ma dernière série d’actions, proposées sur le même modèle performatif que Accords Perdus et questionnant différentes formes de « pouvoirs » liés au corps : entre un pouvoir magique et un pouvoir politique. Ce sera du 25 au 28 Septembre.
Des projets avec Satomi Zpira et un joli court-métrage préventif avec Emilie Jouvet qui sortira bientôt.
Sinon je suis en projet avec Maria Beatty mais je n’en dis pas plus…
Je pars couper un arbre à Alger à la fin de ma thèse, puis en planter un en Indonésie. Une façon de couper avec ma famille et renouer avec mes ancêtres oubliés.

First and foremost, I need to finish the thesis I’ve been working on for three years now. I will defend it next years and I can’t wait to share it. I also would like to publish a book that I’m writing in parallel of the thesis. Between September 25th and 28th, I will present Accords Perdues (a politico-fetish opera criticizing heterosexual marriage and a journey into the feminine body and its animal pulsions) and Post-Érotisme (a performance similar to Accords Perdues in the form and questioning different forms of “power” related to the body: between a magical power and a political power) at the Festival Souterrain Porte VII in Nancy (France).

I also have a project with Satomi Zpira and a prevention short movie with Emilie Jouvet. 

 I have a project with Maria Beatty but I can't talk about it right now...
 I’ll also go to Alger at the end of my thesis to cut down a tree and plant one in Indonesia. It’s a way for me to dissociate my life from my family and take up with my forgotten ancestors again.

Love you readers, stay tune for more interviews!